mercredi 11 février 2009

Quel avenir pour Israël ?

C'est une question qu'il faut se poser, au vu du résultat des dernières élections législatives en Israël. En faisant le choix de voter majoritairement pour des partis de droite ou d'extrême-droite (Israel Beitenou), les électeurs israéliens ont fait le choix d'une confrontation avec les Palestiniens et plus largement avec le monde arabe.

La question de l'identité d'Israël, en même temps que celle de ses frontières, va nécessairement se poser dans les années qui viennent. Actuellement, 20% de la population israélienne est arabe. Ce sont des citoyens de seconde zone, aux droits réduits et qui ne rentrent pas dans le cadre du projet d'un état juif. Sauf évènements particuliers, la proportion d'arabes dans la population israélienne ne va cesser de s'accroître, ce qui va poser ainsi de sérieux problèmes sur la nature même de l'Etat d'Israël. Etat juif ? Comment justifier, cependant, dans un Etat de droit, qu'une part importante de la population soit maintenue dans un statut dérogatoire et discriminatoire ? Mais comment envisager de remettre en question le postulat fondateur de l'Etat d'Israël ? Bref, la crise est à venir.

Une autre crise pourrait bien venir du fait qu'Israël risque de se couper de ses alliés occidentaux. Il faut bien dire que le prix à payer pour cette amitié commence à être lourd. Ces morts palestiniens pèsent aussi sur notre conscience, même si nous ne tenions pas les commandes. En soutenant, en armant Israël, nous avons notre part de responsabilité. En refusant, en fait, de peser sur la politique israélienne, nous assumons de fait les choix politiques fait par le gouvernement israélien, qu'ils nous plaisent ou non.

La vraie difficulté est là. L'Europe et, sans doute avec Barack Obama, les Etats-Unis, voudraient bien édifier un système de sécurité collective dans le Moyen-orient. La sécurité collective, ça repose sur des mécanismes de négociation, d'organisations internationales, de pressions... toutes choses qu'Israël refuse, préférant assumer seule et souverainement sa sécurité. Position confortable, à vrai dire, puisque nous ne "lâchons" pas Israël (et comment le pourrions nous moralement ?).

En faisant le choix de voter pour des partis qui accentuent encore d'avantage le choix d'une souveraineté militaire et diplomatique, qui refusent même l'idée de négocier avec les Palestiniens, fussent-ils des terroristes, la création d'un véritable Etat palestinien viable, les Israëliens risquent bien d'enclencher un cycle qui sera difficile pour eux comme pour nous, un divorce avec l'opinion publique occidentale.

Privé de ses racinesà tout point de vue, ses racines européennes et ses racines juives, Israël risque bien d'être emportée dans la tourmente...