samedi 10 janvier 2009

Gaza : la guerre médiatique

Il n'y a pas grand chose à rajouter aux très nombreux commentaires qu'on peut lire dans la presse ou sur les blogs concernant la guerre qui se déroule actuellement à Gaza, sinon le sentiment de l'inéluctable et de l'injustice de ces morts "pour rien" (mais je fais partie de ceux qui croient qu'on meurt toujours "pour rien").

Quitte à écrire un billet sur ce sujet, j'ai envie de partir d'un réflexion de François Bayrou, entendue sur France Inter il y a quelques jours : le conflit israélo-palestinien est un conflit qui ne peut avoir de vainqueur.

Malheureusement, je crois que ce n'est pas vrai. Israël ne peut pas gagner la guerre, c'est indéniable. Tout au plus peut-il obtenir un accord de paix avec ses adversaires. Mais cet accord ne lui apportera jamais la certitude absolue de la sécurité qu'il recherche. Mais le Hamas lui, peut avoir l'espérance de gagner la guerre. Son objectif est la destruction d'Israël. Bien évidemment, ce n'est pas un objectif à court terme, qu'il pourrait réaliser avec quelques roquettes. C'est un objectif à long terme qui met en jeu non seulement les Palestiniens, mais aussi le Hezbollah, la Syrie et l'Iran : à long terme, ces pays peuvent espérer faire disparaître l'Etat d'Israël.

C'est tout le problème de ce conflit. Du côté Israélien, on se place dans l'immédiat, dans la sécurité de tous les instants. On est prêt à entraîner la mort de plus de 700 personnes pour assurer la sécurité d'Ashkelon et de Sderot. Mais on ne se résout pas à faire confiance à l'avenir et à la négociation, qui impliquent forcément des risques - sans doute n'a-t-on pas réellement renoncé aux rêves d'un grand Israël.

Côté Hamas, de l'autre, on se place sur du long terme. Les pertes subies par la population Palestinienne nous paraissent très lourdes. Si on veut bien accepter l'idée de quantifier les morts, il faut bien reconnaître que jusqu'à présent, ils sont très peu nombreux (si on compare à des conflits très meurtriers comme la première ou la seconde guerre mondiale par exemple). Le Hamas peut parfaitement se permettre de "sacrifier" ainsi quelques uns des habitants de la bande de Gaza pour faire avancer sa cause - cela d'autant plus que ces morts radicalisent la population palestinienne et rendent sa cause populaire dans le monde arabe et même occidental.

En d'autres termes, on a d'un côté des Israëliens incapables de faire confiance aux Arabes et des Palestiniens - disons certains Palestiniens - qui de toutes façons poursuivent l'objectif de détruire Israël et sont prêt à prendre du temps pour ça. Le comportement militariste des Israéliens ne peut que conforter les adversaires d'Israël dans leurs résolutions.

Le problème c'est qu'Israël est réellement en train de perdre la guerre. La campagne du Liban en 2006 a été le signe que la stratégie de guérilla était payante. L'intervention militaire à Gaza dure maintenant depuis 15 jours sans objectif réellement défini ni accessible. Et le soutien international envers Israël ne va cesser de se dégrader : comment justifier ces morts Palestiniens ? Ces nouvelles destructions ?

Je suis donc profondément pessimiste sur cette question.

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