Le hasard de mes lectures matinales me conduit à rapprocher deux articles (et demi), selon mes bonnes vieilles habitudes.
Courrier International (n° 947 bis, du 18 décembre 2008, p. 6) reproduit un article publié à Jakarta, "Le Porno s'invite dans le débat parlementaire". Il est question d'un projet de loi visant à interdire la pornographie en Indonésie. Si les peines encourues semblent claires, la définition même de la pornographie pose problème. L'auteur de l'article reproche au législateur indonésien de pénaliser le désir sexuel, qui est tout de même nécessaire à la vie sociale, familiale et qui a a donné de nombreuses des œuvres d'art. Il rappelle aussi que chacun réagit différement aux mêmes stimulants : tout le monde n'est pas excité par les mêmes choses. Troisiéme problème : dans une société multi-confessionnelle et multi-ethnique comme l'Indonésie, la définition de la "bienséance", terme repris dans le projet de loi, n'est pas unique et peut même attiser les conflits.
The Independant (je ne lis pas The Independant, c'est la newsletter du Monde qui m'y conduit) publie un article dans un tout autre registre, sur un projet d'interdire le bronzage topless sur les plages australiennes. Porté par un parlementaire conservateur, qualifié de fondamentaliste chrétien (et, si j'ai bien compris l'article, lui-même pasteur), ce projet a reçu quelques soutiens mais se heurte évidemment à de vives oppositions. Certains dénoncent le retour à une société prude, d'autre estiment simplement qu'il y a des sujets plus importants (dont, notamment, celui du cancer de la peau lié à une surexposition au soleil. L'Australie semble le pays le plus touché au monde).
L'article s'achève sur la question de la décence. Facebook aurait récemment enlevé une photographie montrant une femme donnant le sein à un enfant, suscitant un tollé (Il me semble d'ailleurs que du temps de l'ORTF, on ne montrait aucune partie du corps humain, sauf dans cette circonstance particulière de la têtée). L'article de l'Independant ne reprend pas l'argumentation de l'auteur du projet de loi. Tout au plus cite-t-il un de ses soutiens, libéral, qui estime que le fait de se retrouver à côté d'une femme les seins nus peut être gênant et qu'en outre, il conviendrait d'en protéger les enfants.
Ces deux articles - ah, ah, vous attendiez une analyse ? Vous croyez que vous êtes sur un blog de philo ? - m'en rappellent un troisième, publié il y a quelques mois dans Le Monde (je n'ai évidemment plus les références sous la main), signalant le retour de la décence dans la publicité. Sous la pression, notamment, des mouvements féministes, les publicitaires hésiteraient de plus en plus à montrer des corps nus.
J'aimerai pouvoir interpréter ces articles comme un signe positif.
J'ai l'impression - fugace et peu étayée à vrai dire - qu'on a longtemps vécu dans des sociétés très peu permissives sur le plan sexuel. Pas de relation sexuelle avant le mariage (et hors du mariage), le sexe est tabou, caché, les professionnel(les) du sexe mis à l'écart de la société. Puis, avec les années 60, on a exposé les corps, mis en avant le désir, mis fin aux prohibitions pesant sur les écrits érotiques (se souvient-on qu'en 1949 encore, le Marquis de Sade était interdit ?), et légalisé l'homosexualité (en 1982 en France). Tout cela constituait un progrès. Mais peut-être un progrès excessif et non maîtrisé. L'idée maîtresse était la liberté. C'est bien la liberté mais ça ne dispense pas de penser.
Peut-être est-on entré dans une phase où, face à la montée des religions dans leur version hard, on va s'interroger sur la légitimité du porno lui aussi hard. Et réfléchir à ce qu'il y a de mieux pour notre société, pour notre équilibre personnel - et celui de nos enfants, avec des arguments rationnels et non plus des slogans (à bas la capote contre à bas la calotte).
Le choix de vivre
Il y a 4 jours
1 commentaire:
J'adore la chute ! :-)
La réflexion sur le quoi et le pourquoi de l'interdit est évidement essentielle lorsque l'on donne la primauté à la liberté, dans une société composée d'adultes a priori responsables et réfléchis.
Elle est d'autant plus importante à mon avis, que selon la traditionnelle loi du balancier ou du retour de bâton, au choix, un excès dans un sens en amène généralement un dans l'autre... Ou comment l'affichage constant de l'érotique risque d'amener une pruderie générale (bon, en fait, je n'y crois pas trop). Ainsi, quelle triste confusion entre nu et indécence (l'allaitement).
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