Cher Sôter,
Juste un petit mot pour te faire part de mon indignation première lorsque j'ai appris la survenue de ce petit scandale dans l'Etat de l'Oregon et aux Pays-Bas également : le choix imposé par la société à un malade entre la fin de la prise en charge par la collectivité des soins médicaux dispensés (pour les personnes dont la chance de survie est inférieure à un certain seuil) et le remboursement d'un possible suicide médicalement assisté.
Ce choix imposé, déjà interrogateur en lui-même, a été pimenté par l'existence de lettres adressées par la caisse d'assurance maladie aux malades dont les chances de survie étaient extrêmement faibles. Imagine : "Cher Monsieur, Compte tenu de vos faibles chances de rester vivant d'ici à quelques mois, je vous informe que le coût des soins qui vous seront prodigués à l'avenir resteront à votre charge. A toutes fins utiles, je vous indique que si vous souhaitiez vous suicider avec une assistance médicale, la caisse serait heureuse de financer ce geste."
Quelle civilisation a-t-on construite, qui jette ainsi à la figure d'un malade la nécessité d'un choix entre une une vie chère de malade et la mort ? (sans parler de ceux qui n'ont pas les moyens de payer eux-mêmes les frais nécessaires à leur survie)
Bien sûr que la vie de chacun a un coût. Bien sûr que la vie est chère, pour chacun comme pour la collectivité. Et il n'est pas là question de pousser un petit cri d'effroi à l'idée d'évaluer l'impact de certains facteurs tels que la maladie sur le budget des assurances collectives. La nécessité d'envisager le coût de chaque acte apparaît clairement nécessaire vu les comptes actuels de l'Etat de la Sécurité sociale, notamment en France. Et la nécessité de sélectionner ceux qui peuvent, ou non, être remboursés au regard des capacités de la collectivité, me semble être une évidence. Sur ce sujet, tu peux lire la prose de l'Ifrap, qui évoque (en 2003 déjà) l'idée d'un "panier de soins" en s'inspirant de l'expérience menée dans l'Etat de... l'Oregon !
Mais une fois cette nécessité acquise, la question reste : que met-on dans ce panier de soins ? et plus loin : quels sont les critères d'intervention de la collectivité ? ne doit-elle prendre en charge que ce qui est efficace ?
En effet, de prime abord, il ne paraît pas scandaleux de ne faire supporter à la collectivité que ce qui lui sert, lui est utile, est nécessaire à son maintien.
Mais par ailleurs, n'est-ce pas l'essence même de l'humanité que de préserver la vie des plus faibles ? N'est-ce pas là notre dignité ? Notre façon de manifester le respect dû à chaque être humain, à sa vie, au-delà de la gêne qu'il occasionne ?
Une question politique, il me semble.
Et dans cette optique, comment interpréter le remboursement du suicide assisté ? Est-il nécessaire à la collectivité ? Est-il question de dignité ? Un petit mélange des deux, pas très ragoutant sans doute.
Après, la question du manque de tact de la caisse de l'Oregon, par le biais du courrier évoqué, n'est pas vraiment le problème... Elle ajoute seulement un petit plus d'émotion à un débat de société qui j'espère, ne sera pas occulté.
Qu'en penses-tu ?
Saba.
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