vendredi 21 novembre 2008

Ce n'est pas tous les jours dimanche...

En ce moment, et comme depuis plus de dix-huit mois maintenant, les réformes vont bon train.
Elles dessinent un nouveau paysage social, politique, et ce n'est pas anodin.

Ainsi, en ce moment est discuté - et contesté - la proposition de loi d'ouverture des magasins le dimanche.
J'étais au départ assez favorable à cette idée, me disant qu'après tout, la prohibition du travail dominical a une origine religieuse, plus particulièrement chrétienne, qui sans doute ne parle pas beaucoup à tout un tas de gens aujourd'hui. Je me disais que l'essentiel était que chacun puisse ne pas travailler au moins un jour par semaine, peu importe lequel : cela pouvait satisfaire tout le monde, y compris les chrétiens (pourquoi pas ?) puisque le traditionnel repos du septième jour pouvait aussi bien s'appliquer à tous les jours de la semaine !
Néanmoins, après en avoir discuté, notamment avec toi Sôter, je me suis dit qu'il pouvait être important qu'une société définisse LE jour qu'elle entend ne pas consacrer au travail, à l'activité marchande, afin de favoriser d'autres activités plus familiales, amicales, culturelles, bref, toutes ses activités qui font que les gens se détendent, grandissent affectivement et intellectuellement, profitent de la vie autrement qu'en gagnant leur croûte. Et que le fait de choisir un jour unique, pour tous, était essentiel pour permettre cette détente, ces rencontres, pour façonner une société véritablement humaine.
La réforme projetée est clairement libérale, je dirais même individualiste en ce sens.

Cela fait écho, pour moi, à un article du monde sur la situation de la psychiatrie en France. Depuis 20 ans, 50.000 lits ont été supprimés. En moins de vingt ans, ce nombre de lits (83.000) a été divisé pratiquement par deux.
Il faut savoir qu'aujourd'hui, les hôpitaux psychiatriques mettent dehors des gens non stabilisés, incapables de prendre correctement leur traitement, par simple manque de place. Beaucoup de ces personnes, mal équilibrées, perdues, incapable de maîtriser les émotions et pulsions parfois violentes qui les animent, sont non seulement laissées dehors, mais également souvent considérées comme pénalement responsables. Et oui, c'est un fait que les médecins considèrent bien plus largement aujourd'hui la question de la responsabilité pénale (cela mériterait d'autres développements, il n'y a pas en effet une seule explication à cette évolution). Ces personnes mal soignées, les plus fragiles donc, sont également, et assez logiquement en fait, assez fréquemment isolées, marginalisées. Quand elles ne sont pas SDF, elles n'ont pas toujours pour autant l'entourage nécessaire pour les soutenir et leur donner une raison de vivre.

Quel lien avec le travail dominical, me direz-vous ?
Celui du choix de société. Pour simplifier, les spécialistes de la question estiment que l'absence de soins marginalise de fait les personnes les plus souffrantes, et les condamnations pénales de ces dernières finissent de les exclure en les envoyant en prison. Je trouve cela triste, amer. Parce que ce ne sont que deux illustrations parmi d'autres d'une société très individualiste.

Les actualités me font souvent avoir cette réflexion que la société ne veut plus, n'a plus envie d'intégrer, de rassembler, de réunir.

Enfin, je dis ça, je suis sûrement dans une phase dépressive...

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