- Tabou. Etudiantes et prostituées. Qui évoque la situation d'étudiantes ou plus généralement de jeunes filles marocaines qui recourrent, à des degrés divers, à la prostitution, généralement non pas contre de l'argent mais contre des cadeaux. En fait de prostitution, il s'agit du reste assez souvent d'échanges non sexuels mais simplement du fait de passer un moment avec un homme.
- Why the French maid is about to clean up – and save her nation from economic ruin. Le Times, toujours prêt à colporter des analyses douteuses sur la santé économique et l'arriération de notre pays, évoque la multiplication de ce qu'on appelle, ici, dans notre doux langage administratif, l'assistance à la personne (ou les services à la personne).
Commençons par l'article du Times, délicieusement raffraichissant. Vu de notre côté du channel, les services à la personne sont effectivement vantées par le gouvernement comme un moyen de créer des emplois et de dynamiser l'économie. D'où des incitations fiscales attrayantes. Le Times ravale notre fierté nationale. En fait, il s'agit simplement de bonniches (je suis inutilement méprisant, le terme anglais est maid). On peut retourner le problème comme on veut, c'est juste le retour à la domesticité. Une domesticité évidemment différente de celle du XIXe siècle, souligne le Times : employeur multiples (est-ce vraiment un progrès ?), plus besoin d'habiter à proximité de son employeur ni de travailler en costume qui signe son appartenance sociale. Le Times, au passage, se concentre exclusivement sur la french maid, oubliant que le gros de l'assistance à la personne concerne tout de même les personnes âgées.
L'article de TelQuel sur la prostitution étudiante au Maroc évoque une pratique qui semble répandue : des jeunes filles passent un moment avec un homme, moyennant des cadeaux : un verre, des cigarettes, des vêtements, du parfum... selon qu'il y a ou non contacts charnels ou pas. Ces jeunes filles ont développé toute une dialectique pour expliquer que ce n'est pas de la prostitution, puisqu'elles restent vierges et parce qu'elles ne perçoivent pas d'argent - finalement, on ne parle même plus de "client" mais de "victime". L'article évoque la situation troublante et complexe de Mounia, qui a épousé Ayoub, qu'elle a manifestement connu par le biais de la prostitution et qui la frappe - justement, parce qu'il tient à elle.
Voilà deux situations types assez différentes, mais qui ont en commun, au moins dans ces articles, de concerner uniquement des femmes, payées pour faire un "métier de femme", assez peu considéré à vrai dire. L'exemple de Mounia, qui sort de la prostitution pour se marier avec un homme violent mais qui lui offre une vie respectable est intéressant sur les perspectives qu'offre une société pour les femmes. L'article du Times montre la nécessité de sortir d'une vision très XIXe siècle de classes sociales : est-ce "déchoir" que d'être "gouvernante" ? Une réflexion à poursuivre.
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